mercredi 13 avril 2011

Le petit trait qui clignote

Je suis venue te dire que je m'en vais.
Les mots auraient pu être griffonnés sur un papier déchiré dans le coin d'un journal. Mais ils s'affichaient en lettres claires et régulières sur l'écran blanc.
Ces derniers temps, elle ne savait plus comment réagir face à ce petit trait noir, d'à peine un centimètre de haut, qui clignote inlassablement sur la page blanche devant elle. A lui tout seul, il ébranle tout son monde. Son rythme régulier la presse et l'angoisse. Elle sent qu'il faut répondre, arrêter le clignotement. Nourrir le petit trait de lettres et de mots, noircir la page.
Mais elle n'y peut rien. Elle reste abasourdie devant le petit trait qui clignote. C'est un peu comme si elle paniquait. Que veut-elle dire, comment le dire ? Elle ne sait plus bien. Il y a eu les décès et les naissances. Dans tous les cas, son cœur s'est retourné et n'a jamais vraiment retrouvé sa place. Elle ne dissocie plus bien le léger et le grave, ses mots sont lourds, jamais tout à fait dans le bon sens. Elle a perdu ses repères mais surtout, surtout, la légèreté si épanouissante des premiers temps. La plume se traîne. Et ça n'était vraiment pas ça, le but du jeu. Alors, elle préfère dire qu'elle s'en va. Elle sait qu'elle reviendra, parfois, de temps en temps. Elle sera seule, sans aucun doute. On ne l'aura pas attendu. Mais c'est peut-être ainsi, débarrassée de son angoisse, qu'elle retrouvera l'envie. En attendant, elle libère le petit trait qui clignote. Elle le laisse continuer, le fidèle petit métronome, à attendre que légèreté et gravité s'équilibrent un peu mieux.

9 commentaires:

  1. :(
    Je trouve qu'elle s'en sortait pourtant tellement bien avec ce petit trait en le faisant parfois courir à folle allure sur la page, jusqu'au point final. Se serait t-il essouflé? Je n'en avais pas la moindre idée. Mais la demoiselle est libre, et on lui souhaite juste de se sentir bien. A bientot peut etre? (tu restes dans mes favoris, je t'ai à l'oeil!). Bises.

    RépondreSupprimer
  2. Je l'attendrai moi aussi, quitte à être déçue quand la page s'ouvrira encore sur ce billet qui annonce un renoncement. Mais de grâce, qu'elle reste encore un peu: je n'ai pas fini d'imprimer!
    Dommage, j'aimais vraiment, vraiment beaucoup beaucoup!

    RépondreSupprimer
  3. C'est vraiment très très dommage, car ces p'tits billets ont apportés beaucoup de rayons de soleil, de bonne humeur, de larmes, de rires,de clin d'oeil! et on a pas du tout envie que ça s'arrête!J'espère que c'est pas un coup de déprime parceque l'usine Nutella est en grève!
    Cette belle aventure ne peut pas s'arrêter, on en a tous besoin!
    Je t'embrasse fort.

    RépondreSupprimer
  4. Super super texte !
    Quel plaisir de te lire et de sentir ton petit cœur battre au rythme de ce curseur.

    Je n'avais jamais perçu l'aspect oppressant de ce petit bâton noir sur fond blanc !
    Mais...mais c'est parfaitement horrible en fait !

    RépondreSupprimer
  5. Tu sais que c'est possible de désactiver le clignotement du curseur ? Ca t'aiderait à rester ??

    RépondreSupprimer
  6. merci ma copine pour tous ces billets émouvants, drôles et toujours parfaitement écrits. Oh toi tu as dû écrire des préfaces de livre comme je te vois là!!C'était toujours un plaisir de te retrouver, tu vas nous manquer. Merci encore pour tout ce que tu as bien voulu partager avec nous.Et peut être à bientôt...

    RépondreSupprimer
  7. Eh bien, ça fait un moment qu'il clignote, ce petit trait, non???? à quand la suite?

    RépondreSupprimer