mardi 29 mars 2011

Chienne de vie


Depuis plusieurs mois, c'est le silence radio.
Pas une lettre, pas un signe, encore moins un coup de fil.
Pour faire la Une de Psychologies Magazine, là il y a quelqu'un. Là, il sait le trouver son téléphone, le bougre.
Ma chienne de chienne est elle aussi dans un état déplorable. Le goujat qui l'a sautée n'a toujours pas donné signe de vie. On l'a croisé au détour d'une rue dernièrement et j'ai bien peur qu'il n'ait même pas daigné lui décrocher un regard. Alors lui sentir le derrière, on en est bien loin...Paraîtrait qu'il aurait sauté la chienne des voisins... J'ai préféré garder l'information pour moi, j'en connais une qui ne s'en remettrait pas.
Je prévois prochainement une soirée pyjama avec ma chienne. Je lui ai dégoté des Haagen Dazs saveur croquette qui devraient lui redonner du poil de la bête.

lundi 28 mars 2011

La douceur après la fureur


Surveillons les airs. N'entendez-vous pas le bruit d'un hélicoptère ? Celui d'une moto ? La scène crache du feu de part et d'autre. Mais par où regarder ? Finalement, il fend la foule. Il est là, au milieu de ces fans charognards. Rongés par leur admiration, ils seraient prêts à le dévorer tout cru.
Tout est assumé. Le déhanché, la bague tête de mort, les mèches blondes, le cuir de la tête au pied. Il assume les pochettes d'album égocentrées, les aigles, les motos et les flammes.
Quoi sa gueule ?
Les choristes s'affolent en arrière plan, dans des mouvements synchronisés et enthousiasmants.
Les musiciens gardent les lunettes noires. Chacun son monde ; on n'invite pas n'importe qui dans sa transe.
Aujourd'hui, le bleu semble un peu délavé. A moins que cela ne soit parce que l'époque où un trait noir soulignait le regard est révolue. Nous n'irons pas jusqu'à dire que la sobriété est installée mais enfin, le trait noir a disparu, l'œil est moins apprêté.
Il garde ce côté je-m'en-foutiste rebelle qui fascine ou qui rebute. Qu'est-ce qu'elle a sa gueule ?
La batterie prend ses marques au fond de la scène. Dans quelques mesures, il va chanter l'amour et le rock'n roll. Il va tendre les mains vers l'avant, croiser les bras pour imager l'amour enchaîné, il va y aller, à grands renforts de clin d'œil et de sourires séducteurs. Dans quelques mesures, les franges vont vaciller au rythme des mélodies et défier le temps et la mode.

mercredi 23 mars 2011

Soyez insatiables. Soyez fous.

Parfois, il apparaît nettement inutile de chercher à écrire ce que d'autres ont déjà majestueusement bien dit. Avec ce postulat de départ, me direz-vous, on n'écrirait plus grand chose sur grand chose. Enfin, pour aujourd'hui, il me semble vraiment inutile de chercher à égaler le maître...
Voici donc quelques mots de Steve Jobs lors d'un discours à l'Université de Standford. Pour dire à quelques uns d'être insatiables et fous, d'avoir le courage de suivre leur cœur et leur intuition.

On ne peut prévoir l’incidence qu’auront certains événements dans le futur ; c’est après coup seulement qu’apparaissent les liens. Vous pouvez seulement espérer qu’ils joueront un rôle dans votre avenir. L’essentiel est de croire en quelque chose – votre destin, votre vie, votre karma, peu importe.

Parfois, la vie vous flanque un bon coup sur la tête. Ne vous laissez pas abattre. Je suis convaincu que c’est mon amour pour ce que je faisais qui m’a permis de continuer. Il faut savoir découvrir ce que l’on aime et qui l’on aime. Le travail occupe une grande partie de l’existence, et la seule manière d’être pleinement satisfait est d’apprécier ce que l’on fait. Sinon, continuez à chercher. Ne baissez pas les bras. C’est comme en amour, vous saurez quand vous aurez trouvé. Et toute relation réussie s’améliore avec le temps. Alors, continuez à chercher jusqu’à ce que vous trouviez.

« Si vous vivez chaque jour comme s’il était le dernier, vous finirez un jour par avoir raison. » Votre temps est limité, ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre. Ne soyez pas prisonnier des dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui. Ne laissez pas le brouhaha extérieur étouffer votre voix intérieure. Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. L’un et l’autre savent ce que vous voulez réellement devenir. Le reste est secondaire.



L'intégralité du discours à visionner absolument : ici.

lundi 14 mars 2011

La petite et la grande

Les chiffres s'égrènent et il perd l'ordre des grandeurs. On a repêché 2 000 corps. L'effet de masse rend les contours un peu flous. 2 000 morts. Combien hier ? 2 000 + 2 500. Les images sont lointaines ou vues du ciel. Il distingue au loin des corps qui flottent. Certains désespérément accrochés à quelques arbres qui auront tenu le coup. Il ne ressent pas le besoin de tourner la tête. 2 000. C'est beaucoup 2 000 ? Combien d'habitants là-bas ? Dis donc, ça en fait des dégâts. Le journaliste enchaîne les titres. Elle a disparu. Depuis plusieurs jours, plus de nouvelles. Et puis, on l'a retrouvé morte. Cette fois-ci, la photo est cadrée serrée. Un gros plan sur la jeune femme. Son regard. Elle a l'air jeune. Il a envie de baisser les yeux. Il pense à ses parents. Avait-elle des enfants ? Une vie brisée. Il pense à elle. Au drame qu'elle a dû vivre. A-t-elle eu peur ? A qui va-t-elle manquer ? Combien de temps lui faudra-t-il pour l'oublier ?
2 000 corps repêchés. Emmenés par la vague. Elle a été retrouvée dans un bois précise le journaliste. Il pense à ces guerres pour lesquelles on a oublié le nombre de vies emmenées. Il cherche dans ses souvenirs. Il a dû voir à ça en cours d'histoire, au lycée. Plus de 200 000 morts à Hiroshima. 4 millions ? 5 millions pendant la Shoah ? Le souvenir est vague. N'y-a-t-il pas déjà eu une joggeuse tuée il y a quelques semaines ? Il ne sait plus bien.
La petite et la grande histoires s'emmêlent un peu et il ne sait plus s'il existe une échelle de valeur. Est-ce que c'est moins grave s'ils sont nombreux ? Non bien sûr. Mince, il doute. Il ne sait plus bien. Il ne peut pas enlever de sa tête les yeux bleus de cette jeune femme. Avait-elle un métier ? 2 000. Il ne pourra pas penser à chacune de ces 2 000 personnes. Impossible. 2 000. Cela fait combien de familles qui pleurent ? Le journaliste balance quelques derniers chiffres. 340 SDF morts en 2010. 428 jours de détention pour Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière. ça fait combien de jours une année ? Le journaliste termine son édition sur ce bébé hippopotame mort dans un zoo en Normandie.
Il est un peu perdu et préfère éteindre la télévision.

vendredi 11 mars 2011

Doute

Parfois, dans le doute, les mots s'emmêlent, les bonnes idées fuient. C'est le creux de la vague.
On rentre dans la cabine, alléché par la vitrine, mais devant le miroir, les cheveux paraissent ternes, le teint brumeux, la taille trop large, les cuisses trop rondes, le regard morne.
Dans le doute, plus aucun mot ne s'assemble. Comme s'ils se rejetaient mutuellement là, où par le passé - réalité ou vue de l'esprit -, ils s'harmonisaient sans trop de difficulté. On pouvait leur faire confiance. Ils s'agglutinaient avec aisance autour d'une idée qui germait dans un coin.
Mais dans le doute, ils s'annulent, s'enfuient, tournent en rond autour de l'idée avortée.
Alors, le doute prend toute la place. Incroyable comme le doute appelle le doute. Tout comme hier, l'idée appelait l'idée. Le cercle vertueux devient vicieux. Et le doute s'en régale.
Billet trop long, phrases alambiquées, formule qui fait pshiiit, emphase, humour manqué. Mère Relecture est sans pitié. Quand l'euphorie créative est retombée, le jugement est froid.
Ne jamais faire un cadeau pour le "merci" que l'on peut recevoir en retour. Jamais. Oui mais parfois, dans le doute, on aimerait quelques signes. Un compliment ou simplement, l'inspiration, la créativité, l'envie qui reviennent. Et surtout, surtout, que les idées et les mots cessent leur bataille et s'accordent à nouveau pour remplir quelques pages. ça plairait bien.
En attendant, on raconte le doute.

mercredi 9 mars 2011

Sophie et la pute moldave

Le décor : Justice, une contrée lointaine
Les personnages : Sophie et une pute moldave qui répond également au nom de Patronne
Le contexte : Pupute moldave est une méchante personne. Sophie en a marre des méchants.
L'histoire : petit tour dans les rêves de Sophie.
Chut, le rideau de fer se lève...


Aïe ! Mais ça tireeeeuuu ! Mais non ma petite, mais non.
Tu parles que ça tire.
Tu seras une petite pute moldave ma chérie.
Mais je veux pas être une pute moi.
Et puis, je suis pas moldave.
Ah si, ma chérie. Tu es moldave. C'est tout, c'est comme ça. C'est très beau la Moldavie.
La petite pute se tait devant le grand miroir du salon. On lui tire sur les cheveux. Tout doit être tiré vers le haut. Et tant pis si ça craque un peu au niveau des paupières. Tout doit être tiré vers le haut. Une jolie coiffure très naturelle.

La petite pute moldave est devenue grande. De cette coiffure ingrate, elle a gardé le style. Jamais elle ne prendrait le risque de laisser tomber l'élastique. Et si ses paupières la lâchaient, dégoulinaient avec médiocrité ? Si ses yeux retenus depuis tant d'années par cette coiffure au sommet, sautaient par dessus bord pour rouler silencieusement sur le sol, une fois le chouchou abandonné ?
Mais surtout, la petite pute a décidé d'aller plus loin. Et si elle cherchait la cohérence totale ? Pourquoi ne pas devenir une méchante pupute moldave ?
Le mal était fait. Pire, le mal était incarné. Pour être sûre de faire efficacement du mal, la pupute moldave allait décidé de devenir patron. Sous couvert d'une hiérarchie imméritée, elle pourrait assurément abuser de sa méchanceté et frapper bassement...

Aïe mais ça tire !
ça va faire un peu mal au début. Mais tu verras, ça ira mieux après.
La Grande Main rôde au-dessus de la tête de la méchante pupute moldave. L'ombre se rapproche. Naaaan, pas l'élastique !!! Sophie-la-grande-main se rapproche. Elle touche du bout des doigts le chouchou hideux. Naaaaan !!! Oh que si ! L'étau se resserre. Voici que la main broie sa proie comme une mâchoire aux crocs acérés. Du sang bordeaux coule des veines du chouchou. La main tire, tire, tire. La coiffure cède. Les cheveux, martyrisés depuis tant d'années, gardent la pose indemne. Surtout, ne pas bouger. Affronter le vent, le mouvement, tout affronter mais ne pas céder. Rester tendus vers le haut. Pour toujours, conserver la pose. Mais les paupières. Mais le front. Mais les yeux. Les pommettes, les joues. C'est le visage entier qui se liquéfie. Il dégouline. Il s'affaisse. Celui qui avait regardé de haut, pompeusement, pendant tant d'années, se trouve attiré par le sol, sans recours possible. Au loin, on entend Sophie-la-grande-main rire d'un rire diabolique et revanchard. Comme dans les dessins animés. Je t'ai bien eu, méchante pupute moldave !!!!! Niac niac niac !

Au petit matin, Sophie se réveille souriante. Le cœur léger de ce rêve où la vengeance avait ce si bon goût de justice. La main droite légèrement engourdie, Sophie prend son petit-déjeuner et file au travail, le cœur plein d'espoir...

mardi 8 mars 2011

Comment seras-tu mon fils ?

Cow-boy des temps modernes, cavaleras-tu pour faire régner l'ordre ?
Héros assoiffé de justice, voleras-tu au secours des plus faibles ?
Préfèreras-tu passer ton chemin, œuvrer autrement ou laisser filer le train ?
Seras-tu créatif, passionné, discret ? Seras-tu loin, très loin, très très loin de moi ? Et de toi ? Seras-tu fidèle ou inconstant ?
Mon fils, seras-tu de ces hommes allergiques aux caddies, aux éponges, aux biberons, aux casseroles ? Seras-tu de ces hommes tremblant devant les piqûres et les engagements ? Fiers devant les créneaux, les marteaux et les panneaux ? Seras-tu moderne, seras-tu comme plein d'autres, seras-tu unique ?
Mon fils, seras-tu cet homme heureux d'être un peu femme ? Heureux d'être un peu enfant ? Impatient d'être nouveau et différent, impatient de te trouver et impatient de changer.
Un homme qui appelle pour la fête des mères, qui cherche une femme qui ne ressemble à aucune autre, qui admire son père ? Un homme qui veut créer plein de nouveaux humains ? Seras-tu de ces hommes qui passent en coup de vent, qui écrivent des poèmes, qui ne comptent que sur eux-mêmes ou qui ne vont bien qu'avec les autres ?
Mon fils, qui seras-tu ? Qui commences-tu à être ? Comment iras-tu ? Quand ? Iras-tu bien tout le temps ou souvent ?
Riras-tu devant la journée de la femme ? Y participeras-tu ? Militeras-tu pour qu'elle disparaisse ? Pour quelles raisons le feras-tu ?
Qui seras-tu mon fils ? Un homme parmi les hommes ? Un Homme avant tout, mon fils, et si tu étais déjà, un Homme avant tout ?