lundi 31 août 2009

J'ai un mari, une maison, un monospace et un chien. Et j'aime ça.

Les images d'Epinal ont la peau dure. Et il convient bien souvent aujourd'hui de se moquer de certaines d'entre elles. Ainsi, il n'est pas rare de lire de gentilles moqueries sur les couples mariés à 25 ans-2 CDI-dans une petite ville pas trop violente-avec un monospace pour les bagages et les enfants-une maison en banlieue pas trop loin de la campagne et pas trop loin de la ville-un labrador. Oui, on se moque de ces couples dont la stabilité passe pour de la ringardise. On leur préfère les couples que l'on dit "modernes". Ils vivent en centre ville, dans une ville bouillonnante, toujours en mouvement. Ils sont en couple mais pas mariés. Pacsés tout au plus. Les enfants ? Pas pour tout de suite. Ils bossent 50 heures par semaine. Courent les musées, les expos, adorent le design. S'ils ont un animal, c'est un serpent, un cochon, un volatile, un poisson exotique. Sûrement pas un chien pataud. Ils roulent dans des petites citadines aux couleurs affriolantes. Ils regardent des séries américaines téléchargées illégalement. Ils ne servent jamais de gâteaux apéro mais des sushis chers. Ils ont deux portables. Et un IPod of course.
Il y a un an, je me suis mariée avec Xavier. On a quitté nos villages nataux pour finir nos études et trouver du travail. On a pris soin d'éviter Paname. Ouuuhhh, la méchante capitale ! Ce qu'on voulait ? Trouver une maison. Grande pour accueillir les amis, la famille. Une voiture. Grande pour les bagages et le chien. Le chien. Oui, on voulait un chien. Un bon gros chien gentil. Pataud. Fidèle. Pas racoleur pour un sou. Un an après, je suis contente et fière de cette maison dans laquelle nous allons rentrés bientôt. A la campagne. Pas trop loin de la ville mais pas en ville. Faut un jardin pour le chien. Je suis contente et fière de mon super chien pataud que je peux emmener partout. Je suis contente et fière d'avoir un mari tout doux tout gentil. Suis-je ringarde ? Mon image du bonheur, de l'herbe bien verte devant une maison joliement décorée, avec un gros chien gentil qui court partout, des enfants à boucles d'or supers sympas, un mari qui fait un barbecue, une bibliothèque pleine de livres, l'odeur du pain dans la cusine, un film dans le canapé enroulé dans un plaid ; cette image est-elle ringarde ? Le billet du jour s'insurge devant ces moqueries ! Oui, vive Charles et Caroline Ingalls ! J'aime faire des balades en forêts en poussant les feuilles avec le pied. J'aime les feux de cheminée. Je n'aime pas les boîtes de nuit. Et pourtant, je ne porte pas des vieilles jupes à fleurs sous le genou. Je travaille. Je vais au cinéma. J'adore les fringues. Je lis des magasines de filles. Je bouge. Je me mets du vernis sur les ongles. Je lave mes cheveux. Si, si.
Pas facile de trouver qu'il on est. De faire le tri entre ce que l'on est, ce que l'on aimerait être, ce que l'on peut être, ce que les autres voudraient que l'on soit. Pas besoin de ces slogans prétentieux qui vous toisent et vous font sentir toute petite ; "Non, je ne connais DJ Trax. Oui, j'ai un golden retriever. C'est mal monsieur ? Pardon de m'excuser si je ne suis pas autrement que comme je suis...!" Pas facile d'avoir le courage de s'assumer, d'être bien dans ses baskets, d'affirmer haut et fort que l'on peut lire des magasines féminins et avoir un boulot sérieux, adorer les fringues mais ne pas être futile, soigner son apparence et ne pas être une pétasse, avoir un mari, une maison, un monospace et un chien et faire la fête quand même. Notre charme à nous, femmes-modernes-qui-sauveront-le-monde, c'est bien que l'on va justement sauver le monde mais avec un joli minois et du vernis rouge sur les ongles. Na.
A demain les amis !

jeudi 27 août 2009

Les larmes, c'est aussi quand on est heureux

Je me souviens d'avoir pleuré. Tout de suite. Dès que j’ai appris la nouvelle. Un gros, un énorme, un incommensurable surplus d’émotions. C’était le 26 Juillet. Entre la poire et le dessert, une petite phrase tombée du ciel qui rebondit, rebondit, rebondit, jusqu’à ce que quelqu’un, réveillé avant les autres, la rattrape au vol. « Bérangère est enceinte. » Bérangère, l’amie chérie. Enceinte. Je me souviens des regards de tout le monde qui se croisaient dans tous les sens. Nous cherchions tous un point d’ancrage. Et nous le trouvâmes dans un sourire qui disait « Oui, c’est vrai. » Qu'elles sont douces ces surprises, ces vraies de vraies. Celles qui changent votre journée et puis, ah tiens, finalement, votre vie entière. Ils étaient heureux, fébriles, inquiets. On le sentait. Pour eux aussi, l'événement était une vraie surprise. Et il semblait que l'annonce rendait à chaque fois la chose un peu plus concrète. Comme s'ils sortaient d'eux-mêmes et se regardaient en train de prononcer ces mots et par conséquence, de réaliser ce qu'ils signifiaient vraiment.
Je me souviens d'avoir pleuré. Parce que j'étais heureuse. Mes quatre amis, à trois mois d'intervalle, dans l'attente du petit être qui allait révolutionner nos vies. Oui, indéniablement, on ne gobera plus de flamby devant les enfants... Dans ces situations tellement surprenantes, seul le coeur peut parler. Nul ne peut se cacher. C'est l'essentiel qui s'exprime. L'émotion annihile tout. Je me souviens m'être levée. Enfin, je crois. Et il y a eu des embrassades. Un moment au ralenti. Dans le ventre de mes amies, dans leur vie, grandissent des mini-eux. Symboles que le temps a passé depuis les bancs de la Fac. Le chagrin d'amour de l'une qui m'a poussée à lui parler. Notre trio vite formé. Nos compétences complémentaires qui nous assuraient les meilleures notes ! Au premier rang, main levée à la vitesse de l'éclair ; "On peut faire l'exposé à 3 ?"
Bientôt, nous aurons ces petits êtres avec nous.
"Bérangère est enceinte." "Bérangère est enceinte." "Bérangère est enceinte." Longtemps encore, je le sais, j'aurais cette phrase en moi. Une petite bombe. Un attentat amical. Bérangère et Hugues attendent un enfant. Formule un peu désuète et pourtant : "le fruit de leur amour". Un bébé qui sait déjà, là où il est, qu'il aura plein d'amis à la sortie.

mercredi 26 août 2009

On ne peut pas envier les morts

Ted Kennedy est mort. Michaël Jackson aussi. Si, si. Et plein d'autres : De Gaulle, Pierre Bachelet, Proust et même Heath Ledger, mon cher Ennis Del Mar de Brokeback Mountain. Pfff.
On ne peut décemment pas envier les morts. Très, très incorrect. Un peu stupide aussi. Parce qu'il faut être honnête, être mort vous empêche soudainement de manger du Nutella, regarder des dvd, voir vos amis, faire des bisous à votre amoureux, marcher au bord de l'eau, parler, avoir un chien et lire des livres. Dans le désordre. Somme toute, cela vous empêche tout simplement de vivre. Aucun intérêt réel donc. Il y a des matins pourtant, où on ne serait pas contre un petit jour de repos. Un petit "dead day". Rien à voir avec la journée de RTT qui vous condamne à cumuler en une seule et même journée : le dentiste, le coiffeur, les courses, le repassage et les comptes. Excluant par là même : la glandouille, la glandouille, la glandouille et aussi, le repos. Alors qu' avec le "dead day", en étant supposé mort, vous auriez le droit, l'obligation même, de ne rien faire. Repos forcé. Car, c'est une évidence, on n'obligera pas Ted Kennedy à assister au prochain congrès des sénateurs démocrates. Ni Michaël à assurer sa tournée. Ni Proust à écrire un dernier livre. Encore moins à faire son ménage. Je rêve donc d'un "dead day" (requête honteuse à deux jours seulement de la reprise du boulot...) Je me lèverai normalement (le futur mort commence toujours sa journée comme un vivant normal). Je prendrai ma douche. Et là, le "dead day" commencerait. Portable éteint (le mort n'a plus de contact avec les vivants). Je m'installerai devant la tv (seul loisir autorisé aux morts). Pas de ménage, pas de repassage, pas de boulot (les morts sont loin de ces préoccupations bassement matérielles). Une journée pour moi. Pour rien. Sans culpabilité aucune. Sans remord de ne rien faire alors qu'il y a tant de choses à faire. Le mort est sans état d'âme. Vivre une journée paisible. Le dernier jour du condamné. Formidable subterfuge pour, ensuite, vivre chaque journée comme si c'était la première.
Bonne journée de vivants et à demain !

NB : Le "dead day" est sans obligation d'achat. Offre exclusivement réservée aux vivants. Pour une durée déterminée d'une journée. Au-delà, merci de contacter les services de réanimation ; la blague ayant assez durée. Le "dead day" ne peut en aucun cas prendre la forme d'une journée à Eurodisney, en thalassothérapie ou en discothèque. Rappelons qu'il s'agit d'une journée de mort.

mardi 25 août 2009

Le camping régale vos cinq sens


Le camping régale votre ouïe :
Ziiiiiiip. Le doux bruit de la fermeture éclair de la tente. Plus de clés, plus de serrures, plus de cadenas. Le camping, c'est open style !
Bzzzz. Le doux bruit du moustique infiltré dans la tente. Malgré tous vos soins, il est passé. Il a pénétré. Il vous en veut.
Aaaaahhhh !!!! Le doux bruit des enfants campeurs réveillés à 7 heures et qui courent aux saaaanitaires !!!
"Je suis rital et je le reste." La complainte du chanteur italien animateur de la soirée"Italia". Demain, c'est loto. Ouais !
"Bonjour, 4 € svp.", "Pour une baguette ???" J'exagère à peine. A la supérette du camping, les prix sont au carré.
Et on n'oublie pas le bruit que fait le matelas pneumatique à chacun de vos mouvements.

Le camping régale votre vue :
La bombe du camping s'en va nochalamment aux sanitaires. Comme tout le monde, elle a son petit rouleau de papier toilette dans les mains. Bien fait.
Appel de phares !!! On vient de croiser un 49. Frères de plaques minéralogiques ! On n'est pas chauvin mais quand même, on reluque ici ou là qui est de notre cru !
A 8 heures du matin, on est tous logés à la même enseigne : petit déj en extérieur, la gueule enfarinée. Festival de pyjamas ! Un régal !
Et le premier soir, à 21 heures, vous vous rendez compte que vous avez oublié d'amener une lampe. Courte la soirée...
Le premier rayon du soleil qui pénètre dans votre tente. Mmm, vous vous rendormez quand même. C'est les vacances...

Le camping régale votre goût :
Parce que vous n'avez qu'un petit réchaud à gaz, une poëlle et une casserolle. Parce que vous avez oublié le sel. Et le beurre. Le vrai campeur néglige son alimentation. Sinon, c'est pas un vrai campeur.
Vous mangez des glaces le matin, le midi et le soir. Et au goûter. Ben oui, c'est les vacances.
Vous dégustez la truite que vous avez pêché vous-même. Oui, oui, le campeur est pêcheur (Manuel de survie du campeur, chapitre 3, paragraphe 5)
Le campeur est amateur de bière. Voire photo en pièce jointe.

Le camping régale votre toucher :
Il y a du sable au fond de votre duvet.
Le papier toilette est humide.
Votre serviette de toilette aussi.
Vos poils repoussent.
Vos cheveux crissent au toucher.

Le camping régale votre odorat :
Votre voisin de gauche cuisine des bolognaises. Mmmm, le salaud.
Vous arrivez aux sanitaires-sans-commentaire.

Enfin, le camping révèle le free-styler qui dort en chacun de nous.
Parce qu'on fout les miettes de pain par terre.
Parce qu'on vit pieds nus.
Parce que tout est déjà poussiéreux.
Parce que votre linge ne peut pas ne pas être froissé.
Parce que vous n'êtes pas équipé pour faire beau, bon, propre, joli.
Parce que tout le monde est logé à la même enseigne. Quand il pleut, c'est pour tout le monde.
Parce que la nature reprend ses droits. Il ne faut pas lutter contre la nature. Jamais.

A demain les amis ; passez une douce journée.

lundi 24 août 2009

Qui a éteint la lumière ?

Au retour de vacances, quelques repères sont mis à mal :
- Ma voiture a-t-elle toujours été aussi petite ?
- Il faut un mot de passe pour rentrer dans mon ordi ? Ah oui ? Quelqu'un s'en souvient-il ?
- Mes pieds réclament des tongs ; je leur dis quoi ?
- Les paillettes sur le décolleté, ça fait trop pour le boulot ??
- C'est quoi ce bruit ? Ah tiens, il semblerait que ça soit mon téléphone... Et ça ? Ah ben, c'est le réveil...
- C'est quoi ce truc ? Ah oui, un soutien-gorge. C'est mieux pour aller travailler...
- Mon jean a toujours été aussi serré ?
- On ne jette pas ses miettes de pain par terre svp-merci ! Pratique réservée au camping...
- Ah tiens, PPDA ne présente plus le JT ; je suis partie si longtemps ?
- Diana est morte ; vraiment ?
- Les serviettes de plage, je les lave à combien de degrés ?
- Vive le micro-ondes !
- Je suis vraiment obligée de porter une montre ?
- C'est laquelle la pédale pour débrayer ?
- Pense-bête : ne pas descendre aux toilettes du bureau avec le rouleau de papier toilette à la main. Pratique également réservée au camping...
- Y a du sable au fond de mon sac à mains...
- Qui a éteint la lumière ? Ah non ! Toutes mes excuses, j'avais gardé mes lunettes de soleil...!
C'est reparti mon kiki ! Je suis tout de même contente de vous retrouver ! Bon courage à ceux qui reprennent aujourd'hui, à ceux qui ont déjà repris, bonnes vacances à ceux qui y sont encore, voire à ceux pour qui ça arrive bientôt ! Quant à moi, je vous dis ... à demain !
Je vous embrasse !