mardi 7 décembre 2010

Imagination et folie… Quelle frontière ?*

Alors que je regardais par la fenêtre, l’air mélancolique, le visage à peine éclairé par la flamme chancelante d’une bougie, le corps emmitouflé dans une épaisse couverture en laine autrichienne et soie indienne…

Alors qu’une larme coulait sur ma joue et que mon chat s’enroulait dans mes jambes en ronronnant…

Alors que je me demandais si mon amant de Saint Jean survivrait à cette guerre horrible, s’il ne souffrait pas trop du froid, là-bas, dans ces tranchées inondées, avec pour seule compagnie un rat affamé et une vieille photo jaunie de nos fiançailles…

Alors que trois malheureux flocons de derrière les fagots daignaient tomber sur l’Anjou, je me surpris à imaginer de quel pays merveilleux pouvaient venir ces petites étoiles orphelines… Là-haut, dans leur contrée d’origine, qui ose jeter par la fenêtre ces petits cotons blancs ?

- Un vieux restaurateur italien qui veut se débarrasser de son stock de parmesan ?

- Un vieux boulanger français qui veut se débarrasser de son stock de farine ?

- Un vieux Dieu esperantais qui veut se débarrasser de son stock d’étoiles ? Pire, le Petit Prince qui veut se débarrasser de son stock d’ampoules…

- Un vieux dealer colombien qui veut se débarrasser de son stock de cocaïne ?

- Un animateur télé qui éternue sur son rail de cocaïne ?

- Un gars aux cheveux gras dont les pellicules tombent en pluie fine sur le sol ? Ou la fabrique de Petrol Hann qui se débarrasse de son stock de pellicules ?

- Un des nains du Père-Noël qui a fait tomber la poubelle de copeaux de bois alors qu’il achevait de confectionner sa millième toupie en bois de la journée ?

- Les bisounours qui font une bataille de coton ?

Alors que la nuit tombait et que ma tisane refroidissait dans sa tasse en porcelaine de Limoges aux jolis motifs fleuris, je sombrais dans un profond sommeil. De petits anges tout vêtus de blanc, qui sentaient bon la vanille, le lait chaud et le Nutella, m’emmenèrent au doux pays des rêves. J’y retrouvais Dorothée et aussi Marie de « La Petite maison dans la prairie ».

Tout était parfait. Les coutures de ma camisole me gênaient à peine.

Et Morphée me laissa sans réponse…



* Sujet du Bac philo 2011

4 commentaires:

  1. Je me suis laissée embarquer par ce texte ! Super le twist final avec la camisole. La mienne me serre parfois un peu trop mais comme tout, on s'habitue ;-)

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  2. Merci Caro !
    Ils font des très jolis modèles de camisole de nos jours. ça ferait presque illusion...

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  3. beurk, les pellicules! Quelle imagination débordante! Quant à l'animateur et sa cocaine, ton imagination se serait elle inspirée de faits réels? (comme tous les rêves,d'ailleurs, sauf que souvent ca fait un mélange immonde à la fin !)

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  4. J'ai la confirmation de ce que je pense depuis le début de ce blog: tu as un VRAI VRAI VRAI talent d'écrivain! Quel régal!

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