mercredi 9 mars 2011

Sophie et la pute moldave

Le décor : Justice, une contrée lointaine
Les personnages : Sophie et une pute moldave qui répond également au nom de Patronne
Le contexte : Pupute moldave est une méchante personne. Sophie en a marre des méchants.
L'histoire : petit tour dans les rêves de Sophie.
Chut, le rideau de fer se lève...


Aïe ! Mais ça tireeeeuuu ! Mais non ma petite, mais non.
Tu parles que ça tire.
Tu seras une petite pute moldave ma chérie.
Mais je veux pas être une pute moi.
Et puis, je suis pas moldave.
Ah si, ma chérie. Tu es moldave. C'est tout, c'est comme ça. C'est très beau la Moldavie.
La petite pute se tait devant le grand miroir du salon. On lui tire sur les cheveux. Tout doit être tiré vers le haut. Et tant pis si ça craque un peu au niveau des paupières. Tout doit être tiré vers le haut. Une jolie coiffure très naturelle.

La petite pute moldave est devenue grande. De cette coiffure ingrate, elle a gardé le style. Jamais elle ne prendrait le risque de laisser tomber l'élastique. Et si ses paupières la lâchaient, dégoulinaient avec médiocrité ? Si ses yeux retenus depuis tant d'années par cette coiffure au sommet, sautaient par dessus bord pour rouler silencieusement sur le sol, une fois le chouchou abandonné ?
Mais surtout, la petite pute a décidé d'aller plus loin. Et si elle cherchait la cohérence totale ? Pourquoi ne pas devenir une méchante pupute moldave ?
Le mal était fait. Pire, le mal était incarné. Pour être sûre de faire efficacement du mal, la pupute moldave allait décidé de devenir patron. Sous couvert d'une hiérarchie imméritée, elle pourrait assurément abuser de sa méchanceté et frapper bassement...

Aïe mais ça tire !
ça va faire un peu mal au début. Mais tu verras, ça ira mieux après.
La Grande Main rôde au-dessus de la tête de la méchante pupute moldave. L'ombre se rapproche. Naaaan, pas l'élastique !!! Sophie-la-grande-main se rapproche. Elle touche du bout des doigts le chouchou hideux. Naaaaan !!! Oh que si ! L'étau se resserre. Voici que la main broie sa proie comme une mâchoire aux crocs acérés. Du sang bordeaux coule des veines du chouchou. La main tire, tire, tire. La coiffure cède. Les cheveux, martyrisés depuis tant d'années, gardent la pose indemne. Surtout, ne pas bouger. Affronter le vent, le mouvement, tout affronter mais ne pas céder. Rester tendus vers le haut. Pour toujours, conserver la pose. Mais les paupières. Mais le front. Mais les yeux. Les pommettes, les joues. C'est le visage entier qui se liquéfie. Il dégouline. Il s'affaisse. Celui qui avait regardé de haut, pompeusement, pendant tant d'années, se trouve attiré par le sol, sans recours possible. Au loin, on entend Sophie-la-grande-main rire d'un rire diabolique et revanchard. Comme dans les dessins animés. Je t'ai bien eu, méchante pupute moldave !!!!! Niac niac niac !

Au petit matin, Sophie se réveille souriante. Le cœur léger de ce rêve où la vengeance avait ce si bon goût de justice. La main droite légèrement engourdie, Sophie prend son petit-déjeuner et file au travail, le cœur plein d'espoir...

3 commentaires:

  1. C'est toi qui a fait ce cauchemar? Pôôôvre René qui a dû être réveillé par tes cris!
    Mais comme c'est bien raconté!

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  2. Bravo pour ce texte Rélie!
    Personnellement, je l'aurais arrêté juste avant "Niac, niac, niac"... le réveil est un poncif facile qui brise l'atmosphère extraordinaire que tu as su créer auparavant - je trouve. Laisse ton lecteur dans cette ambiguïté.
    Encore des histoires glauques!!!!

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  3. Si c'était celui d'un roman, rien que ton titre ferait un malheur...

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