mardi 9 novembre 2010

Ça va mon Amour ? Ça va très bien.


Les valises étaient prêtes. Disposées dans ta petite chambre, à côté de ton lit. Des sortes de « valises théoriques » ; des valises que l’on fait en suivant une liste distribuée par la maternité mais sans vraiment savoir où l’on va ni de quoi l’on aura vraiment besoin.

J’ai perdu les eaux.
On se met debout.
‘Comment je m’habille ?’
‘La chienne. Que fait-on de la chienne ?’
‘As-tu laissé un jeu de clés quelque part ?’

‘J’ai un peu peur, tu sais.’

Allez, on y va.
C’est la nuit noire. Il n’y a personne sur la route à une heure du matin.

‘Tu ne roules pas un peu trop vite ?’
‘Où doit-on se garer ?’
‘Ça y est, je commence à avoir mal.’

‘C’est l’heure mon amour. C’est l’heure.’

La sonnette des salles d’accouchement. Une petite mélodie pour signifier notre présence. On vient nous chercher.
Il y a des minutes interminables. Celles des contractions. Et des heures qui passent à toute vitesse.
Il y a un monde parallèle dans lequel on accepte de rentrer. Se concentrer. Rester centrer sur soi. Penser à soi et à lui. Rien d’autre.

Les visites régulières de la sage-femme. Le parking presque désert. Quelques voitures y sommeillent. Le calme partout. Dans la chambre, dans les couloirs. Le monitoring, le rythme des contractions, le rythme cardiaque du bébé. Nos seules préoccupations.

‘On va aller en salle d’accouchement.’

Déjà ? Est-ce que je suis prête ?

Déjà ?

Neuf mois.

Le test de grossesse. La prise de sang. Les premières visites chez la gynécologue. Les échographies. La découverte du sexe. Le ventre qui s’arrondit. L’envie de concombres à la crème. La chaleur du mois de Juillet. L’inquiétude qui monte. La fatigue. Le choix du prénom. Les coups de pieds. Les caresses sur le ventre. Nos premières communications. L’attente. Les cours de préparation. Respirer, se relaxer, se préparer à l’événement.
Déjà ?

C’est l’heure ?

La grande salle nous attend. On ne reculera pas. On y va. C’est sûr, quoiqu’il fasse faire, je le ferai. J’irai. Je te donnerai la vie, mon petit garçon.

Le brumisateur. Encore, encore. J’ai soif. Merci mon cœur.

‘Poussez Madame, poussez !’
On va utiliser les forceps. Ne vous inquiétez pas.
‘On voit la tête. Il a des cheveux.’
‘Poussez Madame, poussez ! Vous poussez comme un chef !’
‘Ne poussez plus.’
‘Prenez-le ! Prenez-le !’

Il est là. Dans le creux de mes bras. Il tète mon doigt.
On le frictionne.
Comment s’appelle-t-il ?

Ça va mon Amour ?
Ça va.
Ça va très bien.

8 commentaires:

  1. Ah ouais, ça s'est vraiment passé alors.
    Merci ma puce.

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  2. merveilleux! Et tu me fais encore venir les larmes...

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  3. J'en ai les larmes aux yeux, c'est trop mimi. Il a vraiment beaucoup de chance de naître dans cette famille, le petit Robin :)

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  4. bravo ! bienvenue sur terre petit homme ...
    Gros bisous à vous trois

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  5. Manman de Cheristelle11 novembre 2010 à 08:51

    Félicitations aux parents et bienvenue à ce petit Robin. Bravo Aurélie, une jolie plume pour raconter un si joli moment!
    Manman de Cheristelle

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  6. C'est vrai que c'est joliment écrit !

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