lundi 17 janvier 2011

Comment dire ? #4

Bonne année, vieille canaille.

- Bonne année.

- Ouais merci, bonne année à toi aussi.

- ça s'est bien passé pour toi les fêtes ?

- Ouais, comme chaque année. Trois heures de voyage. Les chants de Noël à fond dans la voiture. Le coffre qui dégueulait. J'avais la tête entre le vanity de madame et le kit de pêche de monsieur-qui-comme-chaque-année-ne-pêchera-pas. A peine de la place pour moi. J'ai pas le même standing que la pétasse à poils longs du quartier. Plaid sur le siège arrière du monospace pour mâdame. Et vas-y qu'on se déguise pour la réveillon. Cotillons autour du cou et chapeau sur la tête. Elle avait l'air humain. Ridicule. Et vas-y que je pavane aux pieds de mon maître. Elle tirait même pas sur sa laisse la crâneuse. Sûr qu'elle se laisse caresser par le facteur. Le serment des clébards, elle l'a oublié la cocotte. Bref, une chaleur à crever dans la bagnole, pour être sûr que les enfants attrapent pas froid. Et tant pis si moi, je surchauffe à 50 °C. J'ai les poils qui ont fondu. La truffe en mode guimauve. Les coussinets comme des chamalows. Et je te parle pas des soirées tout seul. Ras les poils. Le soir du 24, le soir du 31... Pas de ma faute si je perds mes poils...

- Pas même une gamelle améliorée ?

- A peine. J'ai eu 2-3 toasts tout secs le lendemain. Je les ai accepté parce que je voulais pas paraître chien mais bon, je suis pas une poubelle de table moi. Y a bien eu le papy qui me refilait 2-3 trucs sous la table au déj du 25. Mais t'as tôt fait de te faire piquer. Et hop, au panier la bête. Paraît que j'bave sur le carrelage. Faut dire, ils avaient pas mis les deux pieds dans le même sabot les bourriquets. Ils s'en sont mis plein la lampe.

- Moi pareil. J'en ai rêvé la nuit. Une tablée pleine de gamelles remplies de viandes, d'os à croquer, à mâchouiller, à enterrer. Et je te parle pas du buffet de croquettes en desserts. Aux légumes, au boeuf, au poulet. Des croquettes au foie gras. De toutes les formes ! J'en ai rêvé j'te dis.

- Ouais... L'année prochaine, je fuguerai peut-être quelques jours avant le départ. ça fera d'la peine aux gosses mais bon. Ceux-là, ils sont pas beaucoup mieux. Plus ingrats, y a pas. Je passe des heures à leur ramener une vieille balle en plastoc qu'ils prennent un malin plaisir à me balancer dans des endroits pas possible que j'me fais engueuler quand je m'efforce de la récupérer dans les parterres de fleurs de la maîtresse qui gueule parce qu'il paraît que j'abîme tout alors que moi je fais que aller chercher la balle des gosses. Et hop, 5-6 cadeaux déballés plus tard, y en n'a plus que pour les machines qui clignotent dans tous les sens. Aux oubliettes le bon vieux compagnon de jeu. L'année dernière, j'avais piqué le paquet de piles et je l'avais enterré dans le jardin. Z'ont eu l'air bien cons les affreux jojos.

- On n'a pas des vies faciles hein.

- Non. Fais pas bon être chien dans ce bas monde.

- Tu m'étonnes. Fais pas bon être chien. Chienne de vie, va.

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