mercredi 19 janvier 2011

Le camping Atlantica

Ce matin - un lapin - alors que je trouillotais (je trouillote, tu trouillotes, il trouillote, nous trouillotons, vous trouillotez, ils trouillotent) - je tiens à préciser, par pure vantardise déplacée, que mon job ne consiste pas à trouilloter des dossiers, enfin pas que. Ce matin, alors que je trouillotais, la petite coquine était là. Posée délicatement dans la bannette à courrier. Son intitulé m'interpellait. Il criait mon nom, hurlait pour que mes yeux se posent sur lui. Comme je suis une fille bien élevée, j'ai continué de trouilloter sans y prêter attention. Sauf qu'il y a un couillon vicelard de petit diable qui est venu se poser sur mon épaule droite. "Vas-y Rélie, lis l'adresse sur le courrier. ça ne craint rien." Séduisant, le petit diable. Mais un petit ange bien sous tous rapports, un brin rabat joie, a ramené sa pomme sur mon épaule gauche. "Non, Rélie, un courrier c'est personnel et confidentiel. Continue de trouilloter. N'écoute pas ce méchant petit diable." "Tu t'en fous ! a surenchérit le petit diable. S'il est posé là, ce courrier, aux yeux de tous, c'est qu'il n'a rien de confidentiel ! Allez, juste un petit coup d'oeil, c'est pas la mort !"
Elle trouilotait, elle trouillotait la Rélie, bien décidée à ne pas céder à la tentation.
Et pis paf.
Un œil qui ripe. Le second.
Et voilà l'intitulé du courrier qui s'infiltre jusqu'à mon cerveau.
Ai rien pu faire.

"Camping Atlantica - Saint-Jean-de-Luz"

Voilà ce qu'il y avait d'écrit sur l'enveloppe.

"Camping Atlantica - Saint-Jean-de-Luz"

Au milieu des factures et autres courriers on ne peut plus important. Il était là, ce courrier sans aucun doute vital. Une réservation sans doute. La promesse d'un magnifique été. La promesse d'un emplacement bien choisi, pas trop loin mais pas trop près non plus des sanitaires. Avec des jeux pour les enfants. Une place pour la voiture à laquelle on touchera à peine, à part peut-être pour aller au marché nocturne du jeudi, une petite supérette pour acheter chaque matin sa baguette à 5 € et un Cornetto aux enfants, même juste avant l'heure du déjeuner. Ce courrier, posé là un 18 janvier, c'était la promesse de quelques belles soirées avec juste un pull sur les épaules, la promesse de quelques feux d'artifice, d'un bon paquet de saucisses-merguez, de salades, de verres de rosé à foison. La promesse de photos floues, de quelques couchers tardifs et de journées à rallonge, sans rythme.

Elle a continué de trouilloter la Rélie, elle a continué. Mais en regardant par la fenêtre de son bureau, ça n'est plus le ciel gris de l'hiver qu'elle voyait mais bien la piscine bleu lagon du camping Atlantica de Saint-Jean de Luz.

4 commentaires:

  1. Très drôle, la description des vacances au camping, et c'est exactement ça! Merci pour ces petits instants bien sympathiques!

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  2. le mot de passe: "honeys"...

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  3. J'aime beaucoup cette petite histoire !

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  4. The return of René9 février 2011 à 11:12

    Putain j'suis pressé. Putain que j'suis pressé !!!

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