lundi 9 novembre 2009

Par exemple, si vous décédez demain...

Un petit espace bien désagréable, malgré les efforts de décoration. Quelques brochures jetées sur une table basse. Grise, la table basse. Des sièges en tissu. Bleu. Moches. Une campagne de sensibilisation sur les détecteurs de fumée. "Pour protéger votre famille." La corde sensible, ils connaissent bien les assureurs.
Quelques plantes vertes pour faire plus vivant. Dans les salles d'attente des assureurs, il n'y a que des gens qui font la gueule. Parce qu'ils viennent de péter leur bagnole. Parce qu'on vient de péter leur bagnole. Parce que c'était pas leur faute. Parce que c'est toujours la faute d'un autre. Parce que les assureurs sont des voleurs. Enfin voilà, je résume.

Un petit bureau bien impersonnel. Un téléphone. Un ordinateur. Même pas de pot à crayons. Juste un vieux Bic noir qui a perdu ses deux capuchons, celui du cucul et celui de la têtête. Encore moins de photos de famille autour du barbeuc' à la Baule. L'assureur est impersonnel. Il dit même : "L'ordinateur me dit que vous êtes assuré chez nous depuis 2005." Comme si un ordinateur, ça parlait. A d'autres.

Et puis, il y a l'assureur. La classe. Une chemise violette dix fois trop grande. Tellement dix fois trop grande qu'on ne saurait dire si le Monsieur dedans est mince ou pas. Une chemise dans cette matière improbable, toute molle, qui ressemble à de la soie mais qui n'en est pas. Dans les deux cas, c'est moche. Bien sûr, une jolie cravate rayée là-dessus. Incontournable la cravate rayée. Elle se décline dans tous les coloris. Elle est livrée avec la chemise. Et puis, une grooosse montre. La classe donc.

L'assureur essaie de créer le lien. "Après tout, je vous prends votre pognon, on peut bien être ami..." Il rigole quand il ne faut pas. "Imaginez Madame, vous décédez demain. Ah ah ah !" Ah oui, c'est marrant, j'aurais pas rigolé à ce moment-là moi... "Vous n'avez rien compris à ce que je viens de vous dire ? Ah ah ah !" Non, beau chercher, j'ai toujours pas envie de rire. J'exige qu'on m'explique les choses simplement. Qu'on me pose les additions sur du papier, qu'on me fasse des patates pour me montrer clairement pourquoi je dois ça et pourquoi on va me rendre ça.

Enfin, je reste hypnotisé par les manipulations ordinateuresques de l'assureur. Il tripote plein de touches ; voilà enfin à que servent les F2, F3, F5 du clavier. Il tape, il retape, il bidouille, il tripatouille. On a beau suivre, ça ne forme pas de mots. Que des lettres. Des codes peut-être... Assureur du troisième type...
Je vous laisse, j'ai deux-trois trucs à finir avant de mourir demain. Va m'avoir filer la poisse cet assureur...

1 commentaire:

  1. Il t'a parlé de l'assurance vie??!!
    Ha ha ha...
    Blague à part,
    Pas de bol si l'assureur il est pas beau...mal habillé...qu'il a un humour très très très lourd....pour ma part c'est une femme, que j'imagine mieux dans un salon de coiffure que derrière un bureau à vendre des contrats! Très exubérante, j'ai l'impression qu'on est copines depuis des lustres!Et, et, et....elle a les mêmes touches sur son ordi!!
    Et comme toi j'ai bien eu du mal à comprendre certaines choses lors de la signature du contrat.
    Alors bon courage pour la lecture et surtout n'oubliez pas de lire entre les lignes!

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