mercredi 22 septembre 2010

Dilemme 2

Nouveau dilemme. Et pas des moindres.

Depuis que je suis en congé maternité, je découvre ce que c’est que de ne pas travailler et d’avoir un temps devant soi supérieur à deux jours chômés consécutifs. C’est assez nouveau comme sensation et je ne suis pas sûre que cela se reproduise un jour. Du coup, j’essaie de suivre les conseils avisés de mon entourage : profites-en, repose-toi, prends ton temps, etc, etc.

Cette situation extraordinaire a provoqué chez moi une hyper-réaction que j’appellerai la « réflexion-ultra-tempéréïte aïgue ». Comprendre : je prends un temps de fou pour prendre la moindre décision, j’ai une réflexion ultra-tempérée. Je pèse chaque argument, je sous-pèse, je repèse, je dépèse, j’hésite, je tâte, je demande l’avis, je réfléchis encore un peu, je repousse et puis, enfin, je me lance. Pas une seule décision prise à la va-vite. Tous mes neurones initialement mobilisés au travail le sont désormais pour décider du repas du soir, de la meilleure façon de ranger les tiroirs du bureau, le dressing, le grenier, la commode, la bibliothèque, des meilleurs biberons à acheter, du plus joli doudou, du plus joli rideau. Oui, je parviens à créer l’illusion qu’il faut avoir BAC+12 pour ranger un bureau.

Et depuis plusieurs jours, me voici tiraillée par un affreux dilemme, qui dépasse de loin le choix cornélien Marc-Jude. Et j’ai besoin d’aide. Car la folie me guette. Ou guette René.

Le cas : nous souhaitons acquérir des chaises en vue d’une future table de salle à manger. 8 chaises, il nous faut. Pour donner un ordre d’idée, l’achat de 8 chaises correspond à la peau du cul, les yeux de la tête, un bras + la peau de mon ventre et je peux vous dire qu’en ce moment, il est tendu, tendu. La décision doit donc être mûrie. Sauf que là, ça commence à sentir le pourri tellement ça mûrit. Je sens que René est au bord de la crise de nerfs même s’il reste très poli et continue de prendre un air intéressé lorsque j’aborde le sujet (c’est pas comme si lui, il utilisait ses neurones à résoudre de vrais problèmes.)

Voilà le dilemme. Je vous le fais en gros parce que je sais bien qu’on n’est pas tous en congé maternité. Je suis pas folle non plus.

Naturellement, j’opterai pour un choix décoratif : je connais le modèle de chaises qui irait le mieux avec notre intérieur, le modèle qu’il faut, celui pour lequel mon cœur pense, je l’ai trouvé, il m’attend, il a été conçu pour moi. Il s’agit de chaises médaillons avec l’assise en lin clair. C’est là que ça déconne. Mon choix décoratif est celui d’une femme ayant encore son petit mioche dans le bide et non pas par terre. Car, quid de mes jolies chaises en tissu face aux mains collantes d’un si charmant enfant ? Pire, quid de mes jolies chaises en tissu devant les si charmants … enfants des autres !!! Ooooh ! Ne jouez pas les vierges effarouchées, qui supporte aussi bien les enfants des autres que les siens ? Les enfants des autres seront forcément moins beaux que le mien, ils auront les mains plus sales, ils joueront avec des feutres indélébiles, ils auront des chaussures crottées. Ils ruineront mes chaises en lin. Puis-je décemment vivre dans la crainte permanente que mes chaises rendent l’âme ? A côté de cela, j’ai déjà un canapé en lin qui, lui aussi, aura à subir les affres du temps, alors bon, 8 chaises en plus ou en moins… Et j’ai bien trouvé un autre modèle, moins générateur de stress, mais aussi moins générateur d’harmonie décorative (vous me dites quand j’ai l’air trop pompeux...) Voilà où j’en suis. Et les arguments strictement techniques de René ne m’aident en rien : qualité de l’assise, matériau, durée de vie, forme du dossier, largeur des pieds… ? Ah bon ? ça compte tout ça ?

Quitte à abandonner la peau de son cul, ses yeux, son bras et la peau de son ventre, faut-il le faire pour un choix raisonnable, au risque que chaque jour, la déception m’envahisse au souvenir de ces si belles chaises que je n’ai pas eu le courage d’acheter ? Ou pour un choix de cœur, advienne que pourra, on s’en fout des tâches, vive la décoration ?

Non, vous ne rêvez pas. Je me pose bien toutes ces questions. Depuis des jours. Depuis des semaines. Ils vont changer la collection que je n’aurais encore rien décidé.

Oui, je me fais un peu peur. Oui, j’ai besoin d’aide. A défaut d’un soutien psychologique, au moins votre avis…

5 commentaires:

  1. Faut prendre celles que tu as dans tes favoris, dont le panier sur la Redoute.fr n'attend plus que tu appuies sur la touche "valider ma commande", dont tu m'as parlé hier, dont tu viens de parler sur le blog et dont tu m'a demandé de te rapporter une impression couleur tout à l'heure. Ca fait assez de paramètre ++ je pense.
    Tu vas y arriver, pas de panique. On n'aura plus de peau au fesses mais elles seront bien assises sur des chaises en tissus.

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  2. La solution, comme Linda Lemay : pas d'visite. Et pis c'est tout !


    Je sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que René craque...

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  3. elles ne sont pas "recapitonnables", ces belles chaises? Et tu as bien un produit miracle déjà testé sur le canapé?
    Sinon je te suggère des housses en plastique (;-)) en attendant... que l'enfant ait 4 ou 5 ans (ou plus)!

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  4. Je vote pour l'achat plaisir : celui avec le lin beige (ça doit être magnifique !)
    A mon humble avis, de toutes les façons, une maison c'est fait pour vivre, il y aura peut-être des tâches, mais l'aspect global restera, au profit de ta belle harmonie.
    Et puis, les tâches sont aussi des souvenirs...
    "Tiens, celle-là c'est quand choupinet a mangé sa première compote... Il était trop mignon..."
    "Et celle-là, c'est quand j'ai renversé mon bol, surprise par l'émouvante déclaration d'amour de mon mari"
    ... Tu vois, tu vas les aimer ces belles tâches sur tes belles chaises !
    Camille

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  5. Merci pour vos bons conseils...
    ça y est, j'ai acheté les chaises. J'ai plus de peau du cul, du ventre, plus d'yeux et plus de bras. Mais je suis contente : j'ai pris mes belles chaises en lin. Et la Redoute est contente que j'ai enfin validé le panier ouvert il y a 107 ans. Plein de dames n'arrêtaient pas de m'écrire personnellement - oui, oui, personnellement, pour me dire de valider maintenant, qu'il fallait valider avant que le panier ne s'autodétruise, qu'il fallait être gentille maintenant et valider sur le champ ! Voilà, c'est fait. Je l'ai fait ! I dit it !

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