lundi 14 septembre 2009

Le goût des autres, le goût des pieds

Baskets, talons aiguilles, bottes en cuir, en caoutchouc, en daim, ballerines, tongs, mocassins. Sous la carapace, des petits petons. Chacun les siens, pas de jaloux. On en prend soin ou pas. L'été, impossible de tricher. Faire l'autruche en les glissant dans le sable, ça ne dure qu'un temps. J'en connais qui ne supportent pas ceux des autres. Merci de ne pas me toucher avec vos organes tentaculaires. Des petits bouts de doigts aux ongles plus ou moins jolis. Le pied est intime. Il en dit beaucoup le coquin. On l'aime ou on le déteste.
Il ne laisse pas indifférent. Certes. Mais. Mais je voudrais en savoir plus. Une question me taraude. Comment en arrive-t-on à souhaiter devenir pédicure-podologue. Je vois plusieurs options :
- le goût des autres. Le pédicure-podologue soigne. Comme un dentiste, un médecin, un kiné. Il est donc altruiste. Prêt à tout pour aider son prochain. On ne peut pas lui enlever ça.
- ah ben, c'est tout en fait. Je ne vois pas d'autres options. A part peut-être un traumatisme de l'enfance...? Un papa qui a perdu un pied. Une maman née avec trois pieds. Un frère qui a deux pieds gauches. Une sœur qui a des pieds sans orteil. Un chien qui a des pattes avec des pieds.
Je ne cesserai donc pas de m'interroger, de jeter un regard interrogatif sur ma pédicure lorsque celle-ci se saisit de mon pied, le tripote, le re-tripote, le re-re-tripote comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. A mes yeux, elle rejoint le monde obscur et mystérieux des métiers "mais-comment-peut-on-avoir-envie-de-devenir-..." comme les gynécologues (pôle position, indétrônables), les dentistes,... Ainsi que le monde impitoyable des métiers "mon-Dieu-mais-que-doivent-ils-voir-chaque-jour" comme les gynécologues (et oui, toujours), les esthéticiennes,...
Enfin, le pédicure-podologue vous donne envie de vous réconcilier avec vos pieds. Loin de n'être que des béquilles, des supports impératifs. Ils s'y passent plein de choses. Formidables ordinateurs de bord de tout votre corps. On appuie là, ça agit là-bas. Nos petits pieds intimes, tapis dans nos chaussures. Pas marrant d'être pieds...
Je terminerai donc le billet du jour par une requête : une minute de reconnaissance pour nos pieds. Juste une minute. On se pose et on pense à eux. Aux fois où on les oblige à marcher des heures, aux fois où on les enferme dans des chaussures pointues à talons, aux fois où on les larde de pansements, aux fois où on leur coupe les ongles à l'arrache, où on les prive de vernis alors que Messieurs les doigts y ont droit (j'imagine que les doigts de pieds doivent être hyper jaloux des doigts de mains, toujours bien exposés, ornés de bijoux, vernis, soignés. Frimeurs.) Une minute pour nos braves pieds, nos plus grands supporters.
Et merci d'avoir lu jusqu'au bout ce billet sans queue ni tête mais que je me devais de faire. Si, si.
Bonne journée !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire