jeudi 25 février 2010

L'impératiphobie


Y a un truc que j'aime pas trop. Je crois que ça vient de mon père qui en couchant avec ma mère (faut dire ce qui est) a créé un mélange (mon frère et moi) dans lequel la part de non-supportage-de-l'impératif tient une place prépondérante (mes deux parents ayant eux aussi cette maladie. Essayez de donner un ordre à mon père pour voir).
D'où l'impératiphobie. Également appelé "urticaire impératifique". Ou incapacité à supporter que l'on use de l'impératif pour s'adresser à vous.

Ainsi, j'ai beaucoup de mal avec les "sois", "fais", "va", "donne".

Non pas que je n'accepte pas que l'on me donne des ordres. On peut tout à fait exiger de moi de faire des trucs. Enfin, on peut toujours essayer.
Si on est mon patron.
Si on est un médecin (et encore, ça ne fonctionne pas avec le "faites du sport").
Si on est une voyante extralucide de renommée international (et qu'on me dit "va jouer au loto") A part ces trois là...

Les autres qui tentent des :
- "Viens ce soir."
- "Sois moins...", "Sois plus..."
- "Fais du sport."
- "Va chez le médecin."
- "Donne-moi ton adresse." Ouais, je suis une grosse conne, même ça ça m'agace.
Ceux-là n'ont pas mes faveurs d'emblée.

J'ai un réflexe épidermique. Un truc à la con pas vraiment contrôlé. Face aux "sois", "va", "donne", "fais", j'ai envie de dire "si je veux." Et en l'occurrence, devant l'impératif, je veux pas souvent.

Et il y a des degrés dans l'impératiphobie. Le summum étant la conjugaison impératifique du verbe "être" qui entraîne l'association fatale de l'impératif et d'un trait de caractère que, par définition, il n'est pas évident de changer. Un exemple, un exemple, j'arrive !

"Sois calme" à un type super énervé
"Sois zen" à une nénette flippée à mort
ça serait un peu comme dire à une moche : "Sois belle."
"Sois doux."
"Sois rousse."
"Sois polie."

Attention, l'impératiphobie est très souvent associée à la conditionnel-passé-phobie ou l'incapacité à supporter les expressions tels que "tu aurais dû", "tu aurais pu".

Les patients souffrant de ces deux pathologies phobiques peuvent rencontrer quelques problèmes dans le domaine de la sociabilité. Espérons alors que les parents ayant généré ces progénitures susceptibles et intolérantes à l'autorité les aient également doté d'un sens inné de la politesse, de la diplomatie, du consensus, du gardage-pour-soi. Au risque que l'impératiphobie reçue (= on ne supporte pas de "recevoir" de l'impératif) se transforme en impératiphilie offerte (goût prononcé pour le fait d'utiliser l'impératif à destination de son entourage) qui se traduit souvent par un "Va te faire foutre".

Mais je me soigne.

Sinon, ça va.

Et vous ?

6 commentaires:

  1. Je crois souffrir de la même maladie...
    On s'comprend toi et moi, sois-en certaine, si tu veux.

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  2. Tout comme a dit René je souffre de la meme maladie mais les chiens ne font pas des chats!!!!!!!!! et je ne crois pas que ça s'ameliore avec le temps............... mais on peut dire aussi que c'est une qualité!!!!!!

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  3. Personnellement, je dirais que ce n'est ni une maladie ni une qualité: c'est normal! L'impératif est toujours très irritant. En tous cas, j'espère que ce billet t'a défoulée autant qu'il nous a amusés!

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  4. Donne moi ton secret pour être aussi drôle! Sur le champ!

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  5. Merci Louisesoon ! C'est tellement gentil à toi ! Puis-je te dire en retour que tu me fais beaucoup beaucoup rire et que je te lis chaque jour avec vraiment beaucoup de plaisir !

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  6. @ Louisesoon : Merci à Caro de Un jour Un sourire qui m'a menée vers ton blog !

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