dimanche 21 juin 2009

Qui va à la chasse


Ça n'est pas forcément facile à suivre. Autour de soi, il y a des gens vêtus de tenues bien spécifiques, bien bien spécifiques. Avec des pantalons bien spécifiques. Des chapeaux bien spécifiques. Plein de trucs bien spécifiques. Ils parlent tous un langage mystérieux. Au centre de leurs conversations, une seule personne ou un seul être, difficile à déterminer... Un homme, un animal, un Dieu ? Il est là, tapi. On le guette, on le quête. On s'inquiète de sa course, de ses projets, de sa forme. Est-il fatigué ? A-t-il beaucoup d'avance ? Qu'est-ce que cet adversaire, ce compétiteur de première qui inquiète les athlètes à cheval, en vélo, en voiture ? Il est certain que chaque discipline a son langage. Et quiconque ne pénètre pas dans ce monde anachronique, lové au creux de la forêt...

Concernant certaines expressions entendues, j'ai donc quelques doutes* :
- "Il a débuché." : cela signifie-t-il que l'animal à trébuché ? Sur un dé ? Qui traînait là ? Pourquoi un dé traînerait-il en forêt ?
- "On est en défaut." : mauvaise syntaxe pour dire "J'ai un défaut?" ???
- "On va faire buisson creux." : expression usitée par les pépiniéristes qui ont peur que l’un de leur buisson pousse creux ?
- "On sonne l'Hallali par terre." : paroles d'une chanson "Lalali lalala lilala lalali" qu'on chanterait en étant par terre ?
- "On va sonner la curée." : "On va sonner LE curé ?", expression qui signifierait qu'on va secouer le curé ???
- "Le piqueu a servi le cerf." : alors là, j'ai du mal à imaginer qu'on puisse servir le cerf. Existe-t-il un restaurant pour cerf ?

Enfin, pas facile d'évoluer dans ce monde où l'on entend des phrases jamais employées ailleurs. Mais cela a un charme fou. Et quel charme de se retrouver là, en pleine forêt, accompagné de gens passionnés et passionnants. Pour ma part, quels ne furent pas ma fierté et mon amour voyant ainsi mon frère évoluer. Je parle de cette fierté et de cet amour qui font monter les larmes aux yeux. Une partie de ma famille réunie, mon frère, mon père, ma mère, mon mari, ma belle-soeur. Réunie comme ça, en forêt. Pour vivre ce moment un peu hors du temps. Avec ces chasseurs en tenues de vènerie qui sonnent des fanfares, à la nuit tombante. Et je vois mon frère, sincèrement beau, honnête et troublant de simplicité vraie. Garant de cette tradition. Et je suis fière, fière et heureuse.
Alors ce matin, nul ne m'en voudra, tapie derrière mon bureau, de guetter ce cerf qui pourrait surgir, de tendre l'oreille pour entendre les cris des chiens, le son de la trompe. Le premier qui m'agace aujourd'hui, je le dague !
Bonne journée et bonne semaine à tous ! Navrée pour ce premier billet de la semaine, un peu long. Demain, promis, je fais plus court ! En pièce jointe, une petite photo prise ce samedi et que je légenderai ainsi : "Cherche mon chien, cherche. C'est sûr, il y a des os dans le coin..."

*Les presque vraies définitions :
- "Il a débuché." : un truc genre "Le cerf sort d'un endroit...."
- "On est en défaut." : « C'est la dèche, ce put... de cerf nous a bien eu. On l'a paumé. On est dans la m....
- "On va faire buisson creux." : « Si ça continue comme ça, on va pas chasser du tout. C'est pas possible qu'il n'y ait pas au moins un put... de cerf dans cette put... de forêt. »
- "On sonne l'Hallali par terre." : fanfare qui, en substance, dit : "ça y est, on l'a bien eu ce put... de cerf. Il est mort."
- "On va sonner la curée." : moment très tendre, très humain, essentiellement basé sur l'émotion, où le cerf, plus trop vivant, est donné à manger aux chiens très respectueux de sa carcasse...
- "Le piqueu a servi le cerf." : "Mon frère d'amour a tué le cerf avec sa dague. Et moi, je suis contente parce que mon frère est content."

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